Entre euphorie et inquiétude : la rentrée scolaire

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En cette période de rentrée scolaire, c’est l’effervescence: publicités pour le nécessaire des petits écoliers, proposition de soutien scolaire, préparation de la garde-robe… bref nous ne pouvons pas sortir sans être confrontés à cette nouvelle année qui commence.

Mais les dangers de l’école, du collège ou du lycée sont peu évoqués alors que pourtant, le suicide est la 2eme cause de mortalité chez les moins de 20 ans en France. Le harcèlement scolaire en est l’un des facteurs.

Aujourd’hui, la plupart des enfants restent liés à leur milieu scolaire par le biais d’Internet. A peine rentrés de leur journée, l’école et les interactions avec les camarades de classe restent présentes du bout du doigt. Souvent, les parents sont agacés par cette hyper-connexion sans se poser de questions quant à son utilisation.

Alors au lieu de nous demander de quelle marque nos enfants seront habillés pour les premiers jours d’école, n’oublions pas de faire de la prévention quant au harcèlement scolaire. Prévenir les enfants des événements néfastes qui peuvent apparaître dans le paysage scolaire mais également par écrans interposés. Prévenir les enfants des dangers mais aussi leur enseigner que leurs mots peuvent être une réelle arme contre leurs camarades. Leur apprendre qu’ils ne connaîtront jamais toute la vie, les difficultés ou la tristesse des gens qu’ils voient tous les jours.

Afin d’illustrer mes propos, je tenais à vous partager une anecdote pour que cette mise en garde prenne peut-être plus de consistance dans votre esprit.

L’effervescence de la rentrée commençait à se dissiper mais la photo de classe était l’événement qui marquait réellement le début d’une nouvelle année scolaire, la formation d’un groupe d’une trentaine d’individus. J’étais au collège et ayant des problèmes de santé, je me suis absentée pendant plusieurs jours ; deux semaines si mes souvenirs sont bons. Je savais que j’allais rater la photo de classe mais au fond, je me réjouissais de ne pas figurer sur une photo représentant l’hypocrisie de notre système. Tous les uns à côté des autres, certains esquissent un petit sourire, d’autres laissent apparaître toutes leurs dents. J’étais heureuse de ne pas pouvoir participer à cette mascarade.

Malgré ma solitude et le harcèlement, j’avais des « amis » sur les réseaux sociaux qui venaient tout juste de faire leur apparition. Ces mêmes personnes qui n’étaient pourtant pas des « amis » étaient là virtuellement, sur mon écran d’ordinateur.

Et puis quelques temps après cette fameuse photo de classe certains l’ont publié, fiers de montrer leur appartenance au groupe. Quelques heures après cette publication, les commentaires apparaissaient : « devinez qui est le fantôme sur la photo? » , « vous avez oublié de taguer le fantôme », « qui n’a même pas osé se pointer à la photo de classe? C’est Morgane ». Ils savaient très bien que j’allais tomber dessus, ils choisissaient parfaitement ce qu’ils allaient écrire pour me toucher dans ma propre maison. Avec les réseaux sociaux et internet en général, ne pensez pas que vos enfants sont hors de danger une fois rentrés à la maison. Il n’y a plus aucune limite pour faire du mal et atteindre les personnes, peu importe l’endroit où elles se trouvent.

Suite à ces commentaires, j’ai dû désactiver mon compte pendant quelques temps. J’étais alors réellement devenue ce fantôme : Muette en classe, isolée lors des récréations, n’entrant même pas dans la cafétéria le midi et inexistante sur internet.

Alors en cette rentrée, au lieu d’essayer de faire de votre enfant, quelqu’un de « cool » avec ses habits neufs, sa nouvelle coupe de cheveux ou son nouveau téléphone portable, prenez le temps d’évoquer les deux positions du harcèlement scolaire: celle du dominant et celle de la victime.

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